Après près de 14 mois de guerre, l’enclave palestinienne est ensevelie sous plus de 42 millions de tonnes de gravats. Avant de reconstruire les habitations, il va falloir renouveler la grande majorité des infrastructures alors que la question du financement n’est pas encore résolue. L’analyse de Xavier Guignard, chercheur associé à Noria Research.

RFI: Quelle va être la première étape de la reconstruction ?

Xavier Guignard: Avant même de reconstruire le bâti, il va falloir rendre possible l’accès au matériel de construction par les routes, elles aussi détruites. De plus, tout le matériel de BTP (Bâtiment et Travaux Publics) qui était disponible à Gaza a été aussi la cible des attaques israéliennes durant les 14 derniers mois. Les camions de déblaiement, les pelleteuses, les tractopelles sont pour la plupart détruits ou endommagés. Il va donc falloir les faire venir par voie terrestre et cela nécessite de pouvoir reconstruire et déblayer les routes. Un travail extrêmement long et essentiel avant d’entamer à proprement parler la reconstruction. Ensuite, cette dernière ne pourra pas être limitée seulement au bâti, car les infrastructures vitales aussi ont été complétement dévastées. Ce sont les deux jambes de la reconstruction, et elles doivent avancer en même temps. Il faut par exemple reconstruire une centrale électrique, des usines de désalinisation pour avoir de l’eau à disposition et tout ça doit être mené de front pour pouvoir avoir un habitat fonctionnel.

Est-ce que les pays qui financent l’aide humanitaire vont aussi payer la reconstruction ?

Au-delà de la question de l’aide humanitaire, il y a bien sûr celle de la reconstruction, qui est chiffrée aujourd’hui entre 100 et 200 milliards de dollars. Aujourd’hui, des pays comme la Jordanie, l’Arabie saoudite ou le Qatar -qui aident Gaza au quotidien- ne se sont pas encore engagés fermement concernant leur participation à la reconstruction. Idem pour les pays occidentaux. Il s’agit de la troisième phase de l’accord de cessez-le-feu, lorsque tous les otages auront été échangés.

À quelles conditions ces pays pourraient-ils conditionner leur aide pour reconstruire Gaza ?

Pour l’instant, on ne connaît pas les détails pratiques qui feront l’objet de négociations. Il y a actuellement une tournée diplomatique américaine dans la région pour aborder le sujet et une poursuite des efforts égyptiens et qataris pour essayer de rendre concret cette question de la reconstruction. Les deux points importants sont à la fois le financement, mais aussi les modalités très concrètes de l’amorce de la reconstruction, à savoir, par exemple : qui vient déblayer, reconstruire, qui finance et avec quelle garantie que ces nouvelles infrastructures restent pérennes ? Pour cela, la première volonté des pays potentiellement bailleurs, qu’ils soient dans la région ou occidentaux, c’est d’inscrire la reconstruction dans un processus politique, c’est-à-dire vers l’avancée d’une solution à deux États.

    • Océane@jlai.lu
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      1 hour ago

      Je suis d’accord avec toi, et je suis favorable à ce que l’État d’Israël paie une partie des réparations, mais :

      • j’ai encore des flashbacks du traité de Versailles ;
      • d’un côté, il faudrait une mobilisation massive pour y parvenir ;
      • de l’autre, le camp progressiste a de gros problèmes de racisme et d’antisémitisme (entre autres hein, de handiphobie, de transphobie et de sexisme aussi on va pas se mentir, on a plein de mecs qui se tiennent à carreau car ils ont peur pour leurs pommes) ; et enfin
      • la droite a porté tout un tas d’attaques à ce sujet-là contre nous, à partir du 7 novembre et je crois, de manière plus systémique et organisée à partir du 11, en prenant soin de ne jamais être constructive.

      Donc on est entre le marteau, si je puis dire, de personnes juives parfois progressistes, généralement ni meilleures ni pires que les autres, qui craignent vraiment du racisme de notre part, et l’enclume d’une droite opportuniste et raciste.

      On avait plus d’un an pour ménager de l’espace à nos camarades juif·ves, pour les écouter et apprendre d’elleux ; un an pour ne pas perdre toute crédibilité sur la question de l’antisémitisme ; un an de silence de la part de nos « représentant·es » institutionnel·les qui, pour une fois, auraient eu une véritable légitimité à représenter nos courants. (On en aurait toustes été très heureux·ses mais non, elleux aussi sont racistes.)