► Des tirs nourris, à la fois d’armes légères, mais également d’artillerie lourde, ont retenti lundi dans le centre de Goma. Des membres des forces spéciales rwandaises et les combattants du groupe M23 ont pénétré la veille au soir dans plusieurs quartiers de la grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Au moins 17 personnes sont mortes et 370 sont blessées, selon des sources hospitalières.
► Le groupe armé antigouvernemental du M23, soutenu par quelque 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU, combat l’armée congolaise dans la région depuis plus de trois ans, mais l’étau s’est resserré ces derniers jours
► Après une réunion d’urgence dimanche soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné le « mépris éhonté » de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Kinshasa a réclamé des sanctions contre Kigali. Le chef de l’ONU a demandé au Rwanda « à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC ».
► Un sommet extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l’est de la RDC aura lieu mercredi 29 janvier. Selon le président kényan, qui assure la tête de l’organisation régionale, « à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi » ont « confirmé leur participation ». Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont réunis à Bruxelles et la situation en RDC fait partie des dossiers à l’ordre du jour.
► La ville de Goma compte environ un million d’habitants et autant de déplacés. La région vit une crise humanitaire chronique depuis des très nombreuses années.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a condamné dans la nuit l’assaut sur Goma du groupe armé M23, soutenu par des troupes rwandaises, et affirmé la souveraineté de la République démocratique du Congo (RDC), dans un appel téléphonique à son président Félix Tshisekedi. « Le secrétaire d’État Marco Rubio a condamné l’assaut sur Goma du M23, (groupe) soutenu par le Rwanda, et affirmé le respect des États-Unis pour la souveraineté de la RDC », a déclaré la porte-parole du département d’Etat Tammy Bruce dans un communiqué.
Dans la soirée, la présidence sud-africaine annonce que le président Cyril Ramaphosa a eu un entretien téléphonique avec son homologue rwandais Paul Kagame pour discuter de la situation dans l’est de la RDC où des soldats sud-africains sont morts. « Les deux chefs d’État ont convenu du besoin urgent d’un cessez-le-feu et de la reprise des pourparlers de paix par toutes les parties au conflit », pointe la présidence sur X.
Dans la journée de ce lundi, des milliers de personnes composées des membres des organisations de la société civile et les agents de l’administration publique ont manifesté leur colère lundi à Bukavu dans la province du Sud-Kivu pour dire non à la guerre du M23 soutenu par le Rwanda. Elles ont répondu à l’appel de la société civile et du gouverneur du Sud-Kivu pour s’indigner de la guerre mais aussi encourager les forces armées de la RDC à récupérer la ville de Goma et toutes les entités déjà occupées par le M23 au Nord et au Sud-Kivu.
« Trop c’est trop ! Ça fait longtemps que le Rwanda nous agresse et donc nous sommes fatigués, lance Pierre Mambo, un manifestant au micro de notre correspondant à Bukavu, William Basimike. Et il faut dire à Kagame d’arrêter parce qu’aujourd’hui la guerre c’est au Congo, demain ça peut tourner mal chez lui. » Sur des calicots on pouvait lire des messages : « Nous voulons la paix », « Non à la guerre » ou encore « M23 dégage ! ».
Maitre Néné Bintu est la présidente de la société civile du Sud-Kivu, c’est elle qui lit le document de revendication qui s’adresse directement à la communauté internationale : « Bukavu court un grand danger d’être attaqué prochainement si rien n’est fait ! La société civile recommande au Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer la paix à travers une résolution contraignante sanctionnant le pays agresseur le Rwanda. »
Ce soir, le président Félix Tshisekedi a convoqué une réunion inter-institutionnelle à Kinshasa, à la Cité de l’Union Africaine avec le président du Sénat, la Première ministre, le président de l’Assemblée nationale et le procureur général près de la cour de cassation. Cette réunion avait pour but d’évaluer la situation dans l’est de la RDC et à Goma. « Nos militaires et les Wazalendo continuent à tenir certaines positions dans la ville », affirme le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, devant la presse après cette réunion.
Il continue en expliquant que durant cette réunion, ils ont « exploré la voie de sortie de crise qui intègre le volet politique et volet diplomatique ». Vital Kamerhe précise enfin que le président Félix Tshisekedi s’adressera à la Nation.
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