Dans le désert d’Atacama, au Chili, l’observatoire européen austral, qui exploite le Very Large Telescope - l’un des télescopes les plus puissants au monde - est menacé par « Inna », un mégaprojet d’hydrogène vert. Les scientifiques s’inquiètent pour l’avenir du « ciel le plus pur du monde » alors qu’un nouveau projet de télescope encore plus puissant, l’Extremely Large Telescope, est en cours de construction.

On lui doit notamment la première image prise d’une exoplanète en 2004, sa participation aux recherches du prix Nobel de Physique 2011 sur l’accélération de l’expansion de l’univers ou celles sur le trou noir supermassif au centre de notre Voie lactée récompensées par le prix Nobel de Physique 2020, le Very Large Telescope (VLT) est l’une des plus performantes installations astronomiques terrestres.

Installé dans le désert d’Atacama, le complexe astronomique de l’Observatoire de Paranal de l’ESO (Observatoire européen astral) coche tous les critères pour des conditions d’observations astronomiques exceptionnelles. Il bénéficie « d’une très bonne qualité de l’atmosphère » grâce à son positionnement à l’ouest du continent et sa proximité de l’océan, il est en hauteur « au-dessus de 2 000 mètres » et donc au-dessus des nuages et surtout « la luminosité du fond du ciel y est exceptionnelle », explique à RFI, Fabien Malbet, directeur de recherche en astrophysique à l’université Grenoble Alpes (UGA). Il a eu l’occasion au cours de sa carrière de travailler avec ce télescope et d’observer ce qu’on qualifie aujourd’hui de « ciel le plus pur du monde ».

C’est pour cette position exceptionnelle que les 16 pays européens membre de l’organisation intergouvernementale ont investi des milliards d’euros dans ce complexe. Mais aujourd’hui, l’observatoire le plus grand du monde – qui s’apprête d’ailleurs à accueillir l’Extremely Large Telescope, un dispositif encore plus conséquent encore en construction -, est menacé par un projet d’hydrogène vert. Fin décembre, AES Andes, une filiale de la compagnie d’électricité américaine AES Corporation a annoncé une étude d’impact sur l’environnement pour un mégaprojet de production d’hydrogène et d’ammoniac vert à seulement quelques kilomètres des infrastructures astronomiques.

Ce projet estimé à plus de 10 milliards de dollars « menace le ciel pur de l’Observatoire de Paranal de l’ESO dans le désert d’Atacama », a averti l’observatoire européen austral mi-janvier. « Les émissions de poussière pendant la construction, l’augmentation des turbulences atmosphériques et surtout la pollution lumineuse auront un impact irréparable sur les capacités d’observation astronomique », selon le directeur général de l’ESO, Xavier Barcons, cité dans un communiqué.